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L'EREA *c'est quoi, pourquoi, avec qui, comment, combien...... Les réponses sont données au cours des divers interviews réalisés par Jean-François Michel Jean -François Michel, professeur d'économie, a une passion : l'éducation et la pédagogie. Auteur d'un livre intitulé "Les 7 profils d'apprentissage" il a créé il y a quelques années avec des collaborateurs compétents le site internet "apprendreàapprendre" . Une "Newsletter" est adressée deux fois par mois à environ 12.000 lecteurs assidus. Lors de la présentation du DVD "TOUTE UNE MONTAGNE "(dont notre Club a été partenaire) le 22 mars 2006 à la Maison de la Montagne à Grenoble nous avons mis en contact J-F Michel avec les différents animateurs de l'EREA. Il s'en est suivi des échanges fructueux qui ont donné naissance à une série d'entretiens. Après une présentation générale des EREA vous trouverez ci dessous le premier entretien réalisé avec M. Oddou, Directeur de l'Etablissement de Claix (38) et mis en ligne dans la Newsletter n ° 52- 1ère quinzaine du mois de septembre 2006. D'autres entretiens seront publiés dans les prochaines Newsletters de septembre et octobre. D.Perelman *EREA: Etablissement Régional d'Enseignement Adapté |
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Aide aux jeunes en grande difficulté scolaire, sociale et familiale, ce qui marche : les EREA Les EREA (Etablissements Régionaux d’Enseignement Adapté) qui scolarisent environ 11.000 élèves. Il y en a près de 82 en France |
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En 2004, sur les 820.774
jeunes appelés présents à la journée
JAPD (Journée d'appel de préparation à la défense
) 96.566 ont des difficultés importantes de lecture, soit
un taux de 11,8%. Cela donne un meilleur aperçu de la réalité
du nombre de jeunes en grande difficulté scolaire. Ces derniers
sont souvent issus d’un milieu social et familial très difficile
et sont plus habitués à passer leur temps dans la
rue qu’à l’école qu’ils détestent de toute
façon. Ces questions rappellent irrémédiablement le souvenir d’images des émeutes dans les banlieues en novembre 2005 : des jeunes de 12 à 16 ans affrontant les forces de l’ordre et mettant le feu à des voitures. ;;;;;• Les dispositifs existants N’y a t-il pas des associations, des dispositifs qui permettent à ces jeunes de retourner à l’école (de réapprendre à lire et à écrire) de se remettre sur les rails de l’insertion? N’y a t-il pas par exemple « l’école de la deuxième chance » ? L’armée française, à travers le programme «Défense 2e chance», ne met-elle pas un programme pour donner une qualification ? Oui il est bien vrai que des programmes existent, que des initiatives sont prises. Cependant il y a une particularité qui constitue la base même de la réussite de ces programmes: les jeunes qui les intègrent sont tous volontaires et donc veulent s’en sortir. Autant dire une petite minorité. En effet, difficile d’imaginer une prise de conscience et cette démarche volontaire chez la plupart des jeunes aux comportements difficiles voir violents, exclus du système scolaire ! Là est toute la difficulté. Donc le cœur de problème ne semble pas réglé pour autant.
Et Pourtant ! Il existe bien des écoles qui sont faites pour ces adolescents en perditions, qui ont des difficultés scolaires graves. Et en plus c’est efficace! Mieux, ces écoles sont des établissements de l’éducation nationale qui existent depuis longtemps: se sont les EREA (Etablissements Régionaux d’Enseignement Adapté) qui scolarisent environ 11.000 élèves. Il y en a près de 82 en France. La particularité d’un établissement EREA : pouvoir accueillir un jeune (en grande difficulté scolaire, familiale et sociale) dès la 6ème pour l’amener jusqu’au CAP tout en intégrant un internat. L’enseignement est très individualisé avec des enseignants spécialement formés pour ce public de |
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jeune (dont certains souffrent de dyslexie, de troubles visuels…). Les éducateurs relais les enseignants et assurent un suivi de chaque adolescent hors de la classe, notamment dans l’internat. L’objectif : leur redonner confiance, rehausser leur estime de soi, et réapprendre des comportements simples (comme ranger ses affaires, faire ses devoirs etc.) • Un dispositif qui marche avec des résultats ! Ce dispositif donne des résultats plus que satisfaisants. Par exemple à l’EREA de l’Isère (dans la commune de Claix) le taux de réussite au CAP des adolescents qui ont intégré l’établissement dès la 6ème est quasiment de 100% !! A l’issu de ce CAP, 100% trouvent un travail et s’insère parfaitement dans la société ! ;;;;;• Les éléments de cette réussite ? Quels sont les secrets de cette réussite ? Principalement deux choses : d’abord une entrée tôt dans l’établissement, c’est à dire dès la 6ème . Pourquoi est-ce si important ? Parce que les élèves sont encore à un âge où le changement et l’apprentissage de nouveaux comportements y est plus facile. Ensuite l’internat permet de mettre l’adolescent dans un environnement de bonnes habitudes, de bons comportements (encadré par des éducateurs qui prennent le relais des enseignants). Guère possible pour lui de retourner dans la rue, de déambuler dans un milieu délinquant où les anciens comportements nuisibles referaient vite surface : tous les progrès réalisés en classe, tous les efforts et le travail des enseignants et des éducateurs seraient réduit à néants ! La pédagogie
se base aussi sur l’élaboration de projets, qui ont la vertu
de mettre en pratique les connaissances et les compétences
acquissent, de développer le rapport avec l’autre, de valoriser
la personne et d’apprendre le sens de l’effort… ;;;;;• Un dispositif menacé dans son efficacité ! Ce dispositif
d’accompagnement d’élèves en grande difficulté
scolaire est pourtant menacé dans son efficacité même!
Pourquoi ? Car les jeunes qui ont besoin d’intégrer un EREA
le font beaucoup trop tardivement, vers la 3ème . Le retard
est bien plus difficile à rattraper, que s’ils étaient
entrés dès la 6ème Et pour preuve : toujours
à l’EREA de l’Isère, le taux de réussite au
CAP des élèves, qui ont intégré l’école
en 3ème est assez faible de l’ordre de 25% (à comparer
au taux de 100% des élèves qui sont à l’EREA
depuis la 6ème ). Pourquoi cette orientation tardive ? Parce
que le fonctionnement des écoles EREA, leur efficacité,
est peu connue des psychologues scolaires, des enseignants et des
conseillers d’orientation. Enfin l’EREA ne bénéficie
pas, à tort, d’une bonne image. |
INTERVIEW 1 Jean-Pierre ODDOU
Combien
y a-t-il d’établissements EREA en France ? Quels
sont les effectifs moyens ? Comment
un élève est-il amené à venir dans un
établissement EREA comme le vôtre à Claix ? Est-ce
que les jeunes, du moins leur famille, font la démarche eux-mêmes
pour venir ici ? Quelle
tranche d’âge d’élèves avez-vous ? A l’issue
de la 3ème un élève peut rester chez vous à
l’EREA de Claix et préparer un CAP ? Comment
se fait l’enseignement ? L’enseignement
est assez individualisé ? Qu’elle
est, finalement, le « plus » d’un établissement
EREA comme le votre à Claix par rapport à un lycée
professionnel dans un établissement plus classique ?
Ces
projets sont réalisés avec les propres moyens de l’EREA
? Pourquoi
avoir un internat est-il un avantage ? La solution
de l’internat est-elle choisie par l’élève, la famille? La réussite
est donc possible grâce à l’internat ? Pourquoi
est-ce important qu’un adolescent intègre un établissement
EREA relativement tôt ? Est-ce
que un établissement EREA comme celui de Claix en Isère,
c’est un peu l’école de la deuxième chance ? Jean-François Michel : 09-09-2006
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INTERVIEW 2 Isabelle MASSUCCO
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INTERVIEW 3 Anne-Laure HERITIER-BLANC Quel est votre parcours ? J’ai été dans de nombreux établissements, dont beaucoup étaient des ZEP. Mais j’ai eu l’occasion de travailler dans des lycées plus conventionnels. Vous avez pris part aux projets des adolescents à l’EREA de l’Isère. Quel est votre rôle ? Êtes-vous enseignante ? Je ne donne pas de cours à proprement parler. Je suis une personne ressource. Le but est de mettre en relation les différents protagonistes, qui s’inscrivent dans un projet pédagogique, à dimension culturelle, artistique... Mon travail consiste aussi à apprendre aux élèves à rechercher l’information, à se documenter, à faire des recherches sur le net. Je n’ai pas de classe à moi.. J’ai des tâches bien réelles à effectuer : acheter les livres, faire la saisie des ouvrages, les équiper, initier les élèves à la recherche documentaire. L’autre versant de mon métier à l’EREA a été de participer au projet qui rentrait dans le cadre d’un concours : « Faites des livres ». Tout l’aspect réalisation plastique du livre, je l’ai mené avec les élèves et en partenariat avec les enseignants Qu’est-ce que le projet « Faites des livres » ? Le CNDP a organisé au niveau national un concours qui s’adresse aux collèges et aux lycées professionnels. Le but est de réaliser un livre et de marier le côté plastique et l’écriture. Donc les élèves de 6ème ont fait un livre autour des expressions françaises : « Arrête ton char, Tony ! ». Ce livre est unique puisqu’il en existe un seul exemplaire qui a remporté le 2ème prix, sur 50 établissements. Les élèves ont été très fiers de participer à ce projet mais aussi de remporter le 2ème prix. Nous avons tous travaillé d’arrache pied de janvier à mars . Dans les projets que vous réalisez avec les élèves, c’est un apprentissage individualisé ? Oui, nous pouvons parler de travail individualisé. Nous travaillons par groupes de niveau. Pour en revenir au projet « Faites des livres », nous avons travaillé en groupes selon les capacités de chacun. Par exemple nous avions un élève qui savait très bien dessiner. Donc nous lui avons confié une tâche bien particulière, celle de faire les illustrations. Un autre avait beaucoup d’idées, notamment sur la façon de mettre en images certaines expressions (par exemple : un vent à décorner les bœufs !) et donc il a plus collaboré à la conception de l’histoire du livre. Ce livre a été réalisé en collaboration étroite avec les enseignants. En ce qui me concerne, j’ai coordonné le projet et finalisé l’aspect plastique. Comment s’articulent les cours et les projets ? Comment cela est-il organisé ? Quand il y a des projets qui méritent beaucoup d’attention, nous calons tout sur lui. Nous nous arrangeons toujours pour ne travailler que là-dessus. Nous avons la chance d’avoir une grande souplesse d’aménagement des horaires. Ce qui nous permet de pouvoir travailler de cette façon. Par conséquent, un projet n’est pas quelque chose qui vient en plus des cours, mais qui s’intègre aux cours. Quelle est la méthode pédagogique ? Comment s’organise un cours de français par exemple ? Tout d’abord il n’y a pas une méthode pédagogique, mais plusieurs. En ce qui me concerne, je ne fais pas de « cours » avec eux mais une initiation au CDI. En revanche, ce que je peux dire est que si on leur faisait un cours de français, de façon traditionnelle, cela ne marcherait pas. Car les élèves décrocheraient à un moment ou un à autre. Il faut sans cesse les accrocher, car ce sont des élèves qui ne peuvent faire des efforts de concentration prolongés. Donc dans un premier temps on leur apprend l’endurance et l’exigence intellectuelle pour, plus tard, être plus réceptifs et suivre des cours plus « normaux » de français. Si je reprends l’exemple du français, on y rentre par des biais différents : ça peut être par le biais d’une histoire, par des ateliers d’écriture que j’ai mis en place (mais que je n’anime pas car les élèves sont trop habitués à moi). Bref, on adapte énormément, on s’adapte aussi. Le but est de partir de peu, voire de pas grand chose, et de les amener à un petit peu, puis à un moyen peu, et si possible à un beaucoup. Comment avez-vous fait, pendant les projets comme « faites des livres » ou le recueil de nouvelles « Devant toi » pour exploiter les points forts des élèves et passer ensuite à des choses qu’ils savent moins bien faire ? Cela passe par l’exigence, cela ne se fait pas fait dans la facilité. Bien sûr ils ont rouspété !!, Car c’était parfois long. Ils ne sont pas capables de fournir un effort sur la durée, là est la difficulté. L’apprentissage se fait par là : être capable de produire un effort sur une durée déterminée et parfois longue. Ça marche, mais il faut de la discipline, et de la fermeté et parfois cela nécessite, de notre part, de se mettre en colère en leur expliquant bien sûr pourquoi. On les accompagne dans leur difficulté et chaque élève progresse à son niveau : certains font des petits progrès, d’autres en font de grands et il arrive que certains stagnent.
Oui effectivement. Si on travaille beaucoup dans la pédagogie de l’effort, on travaille aussi dans la pédagogie du réconfort : l’essentiel est de leur donner confiance, et aussi de les rassurer devant leurs erreurs, leurs difficultés. L’objectif est de leur « enlever » la croyance qu’ils ont , à savoir d’être « nuls », de les valoriser au maximum en leur donnant une meilleure d’image d‘eux. On n’a pas idée des difficultés personnelles que ces adolescents peuvent avoir. Quelles sont les conditions de réussite de ce travail que vous accomplissez? D’abord, ce travail ne peut aboutir que dans une équipe (entre enseignants et éducateurs). Ensuite ce travail doit se faire dans une petite structure, avec peu d’élèves, car c’est un accompagnement de tous les instants notamment à l’internat, où les éducateurs poursuivent les mêmes objectifs que les enseignants. Et cela marche. L’autre facteur de réussite est de prendre des jeunes en difficulté suffisamment tôt, à un âge où il est possible d’agir sur leur personnalité, où ils peuvent plus facilement changer leur comportement et s’adapter à un certain nombre d’exigences. Donc le mieux est de prendre en main les jeunes dès la 6ème. vendredi 9 juin 2006 Interview non publiée à ce jour dans la "Newsletter" . |
INTERVIEW 4 Pourquoi le Rotary Club Grenoble Drac-Romanche est partenaire de l'EREA? Mise en ligne prévue en janvier 2007 |
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